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Pourquoi "aliments pour enfants" est systématiquement associé à de la "junk food"?

Nous avons un immense travail à faire pour que "nourriture plaisir" destinée à nos enfants ne soit plus associé à du trop gras, trop sucré, trop salé ou trop transformé.


Pour les 3 ans de mon fils, la nounou qui s'occupe de lui a proposé de l'emmener dans un McDonald's pour fêter l'occasion (ce qui en soit est très gentil). J'ai toutefois refusé le plus poliment possible pour ne pas le froisser en lui expliquant que les aliments là bas ne sont pas très bons pour un petit enfant de son âge et qu'il me tenait à coeur que mon fils n'associe pas dans sa tête "Grande Occasion = Mcdo".


Oui je sais, c'est sans doute très snob de renier ainsi le premier restaurant de France qui distribue quotidiennement 2 millions de repas via son réseau de 1 400 franchises sur notre territoire. Qui accueille de nombreuses familles avec décontraction et simplicité. Oui mon fils aurait surement adoré son Happy Meal, ses frites, sa surprise. Manger avec ses mains. La petite aire de jeux. Le dessert. Moi même je sautais de joie quand Maman nous emmenait à Mcdo. Beaucoup de mes copains et copines y organisaient leurs anniversaires : on s'y amusait bien et puis c'était chouette de manger tous ensemble dans un "restaurant". Il y avait toujours des petits cadeaux qu'on collectionnait au fil de nos passages. Et Mcdo a vraiment progressé, ce n'est plus ce que c'était. Maintenant il y a des salades, du bio, des fruits en dessert et même des bouteilles d'eau dans les boissons proposées.


C'est justement ce lien que je questionne. Comment en sommes nous venus à associer "plaisir", "fêtes" avec une enseigne de fast food ? Avec des aliments industriels ? Pourquoi dans notre imaginaire collectif, il faut des frites, des bonbons, des gâteaux avec plein de glaçage pour rendre un enfant heureux le jour de son anniversaire ? Pourquoi pense-t-on qu'un enfant ne peut se régaler qu'avec des biscuits ou du chocolat et qu'il doit forcément bouder ses légumes ? Pourquoi quand je vais dans un restaurant lambda avec mon fils de 3 ans, on me propose systématiquement en menu pour lui un combo steak/frites/glaces/jus ou un poisson pané/ frites/ tarte/sirop ? N'a-t-il pas le droit de manger la même chose que moi, en version miniaturisée ? Le restaurateur ne peut-il pas faire quelque chose de plus simple, une omelette par exemple, une bonne soupe au butternut ou même des coquillettes jambon ?


Sans vouloir faire de l'industrie agro-alimentaire le bouc émissaire de ce blog , je ne peux m'empêcher de penser que sa responsabilité est immense. Elle n'a de cesse de cibler nos enfants pour leur donner envie de manger des produits qui ne sont pas sains pour eux. D'associer, à travers un matraquage publicitaire fin et habile, moments de joie et de partage collectifs ou familiales avec produits gras, sucrés et salés ou enseignes de fast food. De laisser penser que pour qu'un enfant ait plein d'énergie et de force dans la journée, il a besoin de se requinquer avec une barre chocolatée ou un biscuit fourré. Que les repas (ou plutôt snacks) peuvent se prendre partout, où on veut et quand on veut. Florilège des dernières publicités que l'on trouve sur nos petits écrans :






La publicité nous cible également nous, parents d'enfants. Avec de nombreux clins d'œil et un registre émotionnel fort, elle nous parle. Elle nous renvoie à notre propre enfance, à la transmission du goût (puisqu'on a en croqué des biscuits). Nous y voyons l'image idéalisée d'enfants mignons et farceurs, heureux en famille ou avec des amis, réunis autour du plaisir de croquer dans un shokobon ou de plonger un doigt dans un pot de nutella. Avec des messages rassurants sur la composition des produits. Chaque publicité est en effet égrainée de "sans sucre", "sans huile de palme", "avec du blé", "produit en France", "avec plus de fruits"... de quoi se déculpabiliser quand on cède aux pressions d'achats au moment de faire les courses. On y voit beaucoup de nature, les enfants sont toujours dehors à gambader, à explorer et jouer aux aventuriers.


Non mon point n'est pas de dire qu'il faut servir une salade verte pour les 5 ans de votre enfant. Ou le priver de gâteau pour son anniversaire. Ou lui interdire les frites. Mais nous devons nous élever contre la mainmise du secteur agro-alimentaire, qui sous couvert de nous rendre la vie plus facile et plus sympa, nous rends captives de ces produits. Qui nous "brain wash" en nous vendant un idéal de vie et de famille qui n'est possible que par et grâce à eux. Qui s'immisce dans notre intimité, dans notre histoire et culture culinaire. Qui uniformise notre alimentation à l'excès. Qui n'a que faire des dégâts environnementaux associés à la production et consommation des produits qu'elle nous vend. Qui construit lentement et avec grande efficacité une armée de consommateurs fidèles et loyaux qui achèteront plus tard les mêmes produits pour leurs enfants. Sans respect ou souci de leur santé et celles des générations futures.


Créons ensemble une alternative, un contre-modèle. Ringardisons les produits de l'industrie agro-alimentaire. Retrouvons avec nos enfants le chemin des jardins et potagers, le plaisir de toucher des produits bruts sur nos marchés. De cuisiner. D'expérimenter. Et bien évidemment de manger. Ensemble. Nous n'avons pas besoin d'une entreprise tierce pour le faire.



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