Bébés et Aliments Ultra Transformés : Pourquoi et comment les éviter ?

Les aliments donnés à nos tout-petits dès la diversification alimentaire vont conditionner leurs habitudes de consommation, leurs préférences alimentaires et leur état de santé à long terme. Encore trop méconnue, la notion d’aliments ultra transformés est pourtant bien présente dans l’alimentation des bébés. Tour d’horizon et explications.

De quoi parle-t-on ?

Selon mangerbouger.fr, les Aliments Ultra-Transformés sont appelés ainsi en raison des procédés de transformation subis :

  • « L’aliment d’origine a subi d’intenses transformations physiques, chimiques ou biologiques par des procédés industriels (par exemple : fractionnement d’un aliment en de multiple composants – craking – prétraitement par friture, chauffage à très haute température…)
  • Des additifs et/ou ingrédients (maltodetxrine, huiles hydrogénées, amidon modifié…) réservés à l’usage industriel et qui ne sont pas utilisés en cuisine à la maison, sont souvent ajoutés pour arriver au produit final que l’on retrouve dans nos rayons. »

On retrouve donc avec un produit alimentaire ou une boisson hyper appétissant(e) et prêt(e) à consommer, qui contient pas ou peu de l’ingrédient d’origine. La plupart sont fabriqués et promus par des multinationales. En effet, leur traitement industriel et leur packaging les rendent hautement rentables, très attirants mais peu qualitatifs du point de vue nutritionnel.

Quels sont les risques ?

De nombreux risques sont inhérents à la consommation, dès le plus jeune âge, d’aliments ultra-transformés.

Au niveau santé, les aliments ultra-transformés augmentent le risque de surpoids et d’obésité infantile qui favorise, par conséquent, le risque d’obésité à l’âge adulte et des comorbités associées.

On observe aussi un risque de carences nutritionnelles (qui peut aller de paire avec l’obésité), de problèmes bucco-dentaires, de mauvais développement du microbiote et de néophobie alimentaire.

Au niveau comportemental, le risque principal est le développement de mauvaises habitudes de consommation avec une loyauté et/ou dépendance à certains produits, par manque d’intérêt pour l’apprentissage de la cuisine maison.

On observe aussi un impact sur le comportement futur autour du repas. En effet, moins de repas sont pris en famille et ils doivent être rapides pour favoriser d’autres activités. Le temps passé en cuisine et à table peut être vu comme une perte de temps ce qui conduit à l’achat de produits tout prêts.

Comment les reconnaître ?

Très souvent vendus en supermarché voire même en magasin bio, vous pouvez vous aider du score NOVA, que l’on retrouve sur le site openfoodfacts.fr, pour les reconnaître. Les scores 3 et 4 sont signes de transformation et d’ultra-transformation.

Plus simplement, vous pouvez visuellement déterminer si un produit du rayon bébé est ultra transformé ou non. Voici quelques astuces :

  • Une longue liste d’ingrédients est toujours mauvais signe, surtout s’il y a des ingrédients inconnus ou que l’on utilise pas à la maison.
  • Un emballage avec du marketing agressif qui insiste sur l’aspect environnemental ou bénéfique pour la santé de bébé : Healthwashing et greenwashing ne sont malheureusement pas mis de côté pour les tout petits.
  • Composition : Présence de sucre ajoutés ou concentrés de fruits, huile de palme, amidon modifié, épaississant, etc.
  • Procédés technologiques : Plus le produit est éloigné de sa forme originelle, plus il a subi des procédés de transformation qui vont appauvrir ses qualités nutritionnelles et organoleptiques.

Quelques exemples de produits ultra transformés au rayon bébé

Au rayon bébé, les aliments ultra-transformés sont bel et bien présents malgré une réglementation plus stricte en termes de composition et d’étiquetage. On retrouve deux types d’aliments : Les préparations à base de lait infantiles et les aliments diversifiés qui regroupent un tas de produits différents.

  • Préparations à base de lait infantile : Ce sont des alternatives au lait maternel permettant de répondre aux besoins de bébé selon son âge. Ce sont des produits un peu à part car ultra-transformés « obligatoirement ». En effet, ils doivent être rendus digestibles et apporter à bébé tout ce dont il a besoin, puisque son alimentation est exclusivement lactée jusqu’à 6 mois. Cependant, certains contiennent de l’huile de palme ou encore de la taurine, ce qui soulève des problématiques de qualité et d’impact environnemental.

Il est rassurant de savoir que ces produits sont soumis à l’interdiction d’ajouter des allégations nutritionnelles et de santé sur le packaging. Ils ne peuvent pas non plus faire l’objet de pratique publicitaire, ce qui limite l’influence marketing.

  • Aliments diversifiés : Il s’agit des biscuits pour bébé, riz au lait, produits à base de céréales, petits pots, compotes, gourdes, poches, aliments DME, repas complets, bref il y a l’embarras du choix. C’est dans cette catégorie que l’on retrouve généralement le plus d’ultra transformation et de produits sucrés. Voici des exemples de produits qui nous ont marqués :

Ici, on constate la présence de sucre, d’amidon transformé, de vanilline, d’épaississant et de correcteur d’acidité. Une semoule au lait pour bébé n’est-elle pas supposée contenir que de la semoule et du lait ?

Voici un super exemple de marketing trompeur, emballage mignon et composition à 63% de fruits : Que demander de plus ? En réalité, on est face à des fruits sous forme de flocons ou de jus concentré ce qui dénature les qualités gustatives et nutritionnelles au profit de la capacité sucrante. On l’observe d’ailleurs avec les 39g de sucre pour 100g soit environ 10g de sucre par barre, à savoir l’équivalent de 2 à 3 pierres de sucre.

Ingrédients : Eau de cuisson – LAIT écrémé reconstitué à base de LAIT en poudre 20,0 % (LAIT) – Riz cuit 19,8 % – Pommes de terre – Carottes 6,67% – Viande de dinde 6,00 % – Amidon de maïs – Crème (LAIT) – Champignons 2,67 % – Viande de poulet 2,24 % – CELERI (CELERI) – Oignons – Jus de citron à base de concentré – Huiles végétales (colza, tournesol) – Sel – Acérola en poudre – Thym – Poivre noir – Clou de girofle – Laurier.

Classée NOVA score 3, cette blanquette contient 24 ingrédients dont l’eau de cuisson en ingrédient majoritaire. L’emballage plastique est aussi caractéristique de l’ultra transformation. En effet, il est possible de réchauffer le repas directement dans le contenant ce qui nous pousse à nous interroger sur les transferts de micro-plastiques dans le repas de bébé.

Quelques chiffres

En cherchant des publications issues de la recherche, nous avons pu trouver des chiffres qui alertent sur le sujet des aliments ultra transformés pour bébés.

Tout d’abord, l’étude menée par Grammatikaki et Al. en 2021* à permis d’analyser 3427 produits d’alimentation infantile, divisés en 7 catégories, mis ou remis à la vente dans 27 pays européens de mars 2017 à mars 2021.

Au total, 24,5 % des produits étaient transformés et 29,2 % étaient ultra-transformés. 38,5 % contenaient au moins un ingrédient sucrant (Sucre ajouté, sucre libre**, purée et poudre de fruit et légumes). Ces produits avaient un profil nutritionnel généralement moins intéressant que ceux sans ingrédient sucrant.

Concernant l’étiquetage, la moitié des produits avaient une indication « sans sucre ajouté » alors que 35% d’entre eux contenaient des sucres libres, des purées et poudres de fruits et légumes ajoutés. Aussi, la moitié des produits avaient une mention « pas d’ingrédient artificiel » quand 31,4% d’entre eux étaient ultra-transformés.

Voici un graphique représentant la part des produits ultra-transformés, pour chaque catégorie, parmi ceux ayant des allégations nutritionnelles bénéfiques.

Afin d’avoir une idée de la consommation de ces produits, l’organisation caritative First steps nutrition trust*** à publié un rapport, concernant le Royaume-Uni, qui fait un état des lieux de l’achat de ces produits pour nourrir les bébés :

  • De 0 à 6 mois : Parmi les parents interrogés, dont le plus jeune enfant avait jusqu’à six mois, entre un tiers et un quart ont acheté des repas, des snacks et/ou des boissons pour bébés dans le commerce, et plus d’un tiers des bébés ont reçu de tels produits au moins une fois par jour.
  • De 6 mois à 1 an : 72 % des 7-9 mois et 62 % des 10-11 mois ont mangé un repas commercial comme repas principal de la journée. Pour 23 % et 18 %, respectivement, c’était toujours ou presque toujours le cas.
  • De 2 à 5 ans : 61 % de l’apport calorique des jeunes enfants au UK est couvert par des aliments ultra-transformés.

Aucune étude similaire n’a été menée à notre connaissance en France mais nous pensons que la part des aliments ultra-transformés dans l’alimentation de nos tout petits ne devrait pas être très différente.

Quels sont les meilleurs choix à faire dans les rayons des GMS ?

Vous l’avez compris donc, les aliments infantiles des GMS ne sont pas forcément l’idéal pour votre enfant. Ils peuvent être consommés occasionnellement mais ne devraient pas constituer la base alimentaire de votre enfant.

Recommandés par les médecins et distribués dans les crèches, les produits ultra-transformés sont très ancrés dans le système alimentaire infantile. En effet, le manque de régulation du marketing et des compositions nutritionnelles déroulent le tapis rouge pour la distribution massive, par les grandes entreprises, de ces produits aujourd’hui considérés comme la norme.

Le fait maison, qui reste la meilleure option, peut s’avérer inaccessible dans certaines situations et c’est alors l’industriel qui dépanne. Dans ce cas, voici quelques conseils pour limiter l’achat de produits ultra-transformés :

  • Tournez vous vers des options mono-saveurs, cela réduit souvent le degré de transformation (par exemple : purée de carottes, purée de patates douces, ect).
  • Prenez le temps de lire les étiquettes : si un produit comprend une longue liste d’ingrédients, évitez de l’acheter.
  • Vous pouvez essayer également d’acheter des ingrédients surgelés (en privilégiant le bio) pour faire vos propres purées (si vous avez un mixeur ou presse-purée à la maison).
  • Concernant les compotes, privilégiez le pot en verre à la gourde, cela vous permettra de limiter le contact avec le plastique et vous pourrez réutiliser les pots pour vos recettes. Aussi, une compote « adulte » bio, sans sucre et sel ajouté sera toujours plus économique que « les compotes pour bébé » pour des ingrédients et textures similaires.

Apolline Tranchand

 

*Grammatikaki, E., Jan, W., & Caldeira, S. (2021). High levels of nutrients of concern in baby foods available in Europe that contain Sugar-Contributing ingredients or are Ultra-Processed. Nutrients, 13(9), 3105. https://doi.org/10.3390/nu13093105
** Selon l’OMS : « Les sucres libres incluent les monosaccharides et disaccharides ajoutés aux aliments par le fabricant, le cuisinier ou le consommateur, ainsi que les sucres naturellement présents dans le miel, les sirops, les jus de fruits et les concentrés de jus de fruits ».
*** Rachel Childs & Dr Vicky Sibson (2023). Ultra-processed foods (UPF) in the diets of infants and young children in the UK. First steps nutrition trust FSN_UPF+Report_Digital+for+web,+June+2023.pdf (squarespace.com)

Restez informé
de nos actus !

Si vous souhaitez en savoir plus sur nos aventures pour aider bébé à mieux manger…

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Merci pour votre inscription, un mail avec un lien de confirmation vous a été envoyé.