Alimentation infantile et pesticides : Comment protéger nos tout-petits des risques invisibles ?

Un avenir sain pour nos petits : Découvrez comment préserver nos enfants des pesticides dans leur assiette !

De quoi parle-t-on?

Pour donner une définition des pesticides, il s’agit des « substances actives ou les préparations utilisées pour la prévention, le contrôle ou l’élimination d’organismes indésirables, qu’il s’agisse de plantes, d’animaux (insectes, acariens, mollusques, etc.), de champignons ou de bactéries. » (santé.gouv.fr). Ils regroupent donc les herbicides, fongicides et insecticides.

Selon l’OMS, plus de 1000 pesticides différents sont utilisés dans le monde, tous étant plus ou moins toxiques selon leur mode de fonctionnement, la dose et la voie d’exposition.

Une des voies principales d’exposition aux pesticides passe par les produits utilisés en agriculture, pour lutter contre les mauvaises herbes ou protéger les cultures. Le rapport 2022 de générations futures* révèlent que 63,1 % des fruits, légumes et céréales non bio contiennent des résidus de pesticides détectés (échantillons 2020). Il dénonce par ailleurs un manque de communication du gouvernement concernant ces données puisque la dernière publication de la DGCCRF, sur les résidus de pesticides dans les denrées végétales, date de 2019 pour les échantillons de 2017.

Dans leur édition de juin 2019 du rapport sur les résidus de pesticides dans les fruits et légumes en France**, générations futures dévoilent le pourcentage d’échantillons de fruits et légumes qui dépassent le plus les limites maximales de résidus de pesticides :

  • Légumes : En moyenne, 3.4% des échantillons de légumes dépassaient les LMR en résidus de pesticides.

  • Fruits : En moyenne, 2.9% des échantillons de fruits dépassent les LMR en résidus de pesticides.

En sachant que l’organisme des tout petits est plus vulnérable, on se demande à quel point l’alimentation infantile est touchée par les pesticides et s’il existe des moyens pour réduire leurs impacts.

La directive 2006/125/CE1 impose une limite maximale commune pour la plupart des pesticides et résidus de pesticides, fixée à 10 μg/kg d’aliments, soit la concentration minimale détectable. Certains sont même interdits dans la production des aliments agricoles destinés à des préparations à base de céréales et à des aliments pour nourrissons et enfants en bas âges.

Pour vérifier le niveau de maîtrise sanitaire, l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) à mis en place, en 2010, une étude de l’alimentation totale infantile (EATi)***. L’objectif principal était d’évaluer l’exposition des enfants de moins de 3 ans aux substances présentes dans l’alimentation.

Le risque à été évalué pour 400 substances, dont 281 résidus de pesticides. Le niveau de maitrise sanitaire est globalement bon puisque pour 90 % des substances évaluées, le risque à été écarté.

Toutefois, il existe 9 substances auxquelles les moins de 3 ans sont exposés de manière excessive par rapport aux valeurs toxicologiques de références (VTR) et 7 substances pour lesquelles le risque n’est pas écarté. Nous les avons classées dans un tableau :

Substances qui dépassent les VTR Substances avec un risque non écarté
  • Arsenic inorganique
  • Plomb
  • Nickel
  • PCDD/F (dioxines et furanes)
  • PCB (Polychlorobiphényle)
  • Mycotoxines T-2 & HT-2
  • Acrylamide
  • Déoxynivalénol (DON) et ses dérivés
  • Furane
  • Aluminium
  • Cobalt
  • Strontium
  • Méthylmercure
  • Sélénium
  • Cadmium
  • Génistéine (consommateurs de soja)

Pour un peu plus approfondir, le tome 1 de l’EATi*** présente ce graphique représentant le pourcentage d’enfants concernés par le dépassement de VTR, selon l’âge, pour certaines substances de la colonne de gauche. On observe que plus l’âge augmente, plus la proportion d’enfants exposés augmente.

Les aliments qui ont étés mis en cause par l’étude sont :

  • Pour les moins de 4 mois : Les préparations infantiles 1er âge et les céréales infantiles participent à l’exposition à l’arsenic inorganique, au plomb, au nickel, au furane et aux mycotoxines T-2 & HT2. La consommation de lait courant, inadaptée à cet âge, contribue à l’exposition aux PCDD/F et aux PCB.
  • Pour les moins d’un an : Les pots à base de légumes complétés, ou non, de viande ou de poisson, contribuent pour le furane, l’acrylamide, le nickel, l’arsenic inorganique et le DON. Ils restent le d’ailleurs le principal aliment contributeur à l’exposition au furane chez les enfants de plus d’un an. Actuellement, on observe beaucoup de rappels de produits sur des pots à base d’haricots verts à cause du dépassement de la teneur en nitrates.
  • Pour les plus de 7 mois : Le poisson participe à l’exposition aux PCB, PCDD/F et arsenic inorganique, le lait courant pour les PCDD/F et PCB, les pommes de terre pour l’acrylamide, les biscuits pour l’acrylamide, le nickel et le DON, les légumes pour le plomb et les produits à base de chocolat pour le nickel.

L’achat de produits bio pour bébé permet-il de réduire l’exposition de nos tout-petits aux polluants ?

Alors que le bio apparaît de plus en plus sur les étagères du rayon bébé, du fait de la demande des parents, on se demande si la réglementation autour de l’alimentation infantile est équivalente à celle du bio.

Les repas destinés au tout petit dits “conventionnels” contiennent en théorie 12 fois moins de nitrates (200 ppm vs 2500 dans l’alimentation courante) et 500 fois moins de résidus de pesticides, certains étant même interdits. Les additifs sont également restreints. Les colorants, édulcorants et conservateurs sont interdits. La réglementation est donc très stricte et les contrôles sont fréquents.

Le label bio apporte une double caution en limitant encore plus certaines substances et en assurant un mode de production plus respectueux de l’environnement et du bien être animal, ce qui est à souligner.

Et comment se prémunir des pesticides quand on cuisine soi-même des repas pour bébé?

Dans le cas où les repas de bébé sont cuisinés maison, il est effectivement recommandé de choisir des ingrédients qui sont issus de l’agriculture biologique. Il est tout aussi important que les produits soient locaux car moins de traitements sont appliqués pour les conserver malgré le transport et le manque de maturation. Consommer de saison permet aussi de limiter le besoin de traitement pour faire pousser et conserver les végétaux.

Parfois, un pot bio importé et suremballé ne vaut pas toujours mieux qu’un pot fait maison avec des fruits et légumes locaux et de saisons issus d’une agriculture raisonnée mais non biologique. Le bio ne garantit pas tout, d’autant plus qu’il existe des spécificités en termes de réglementation bio dans les autres pays.

D’une manière générale, si vous achetez les repas de bébé, on conseillera de varier les marques et les origines pour limiter l’accumulation de contaminants.

Si vous cuisinez maison, on vous conseille de prendre des produits bio autant que possible mais aussi locaux et de saison. Pensez également à bien rincer et éplucher vos fruits et légumes pour réduire l’exposition.

Apolline Tranchand

 

* https://www.generations-futures.fr/wp-content/uploads/2022/03/residus-de-pesticides-2022.pdf
**Rapport intégrant les données 2017 de la DGCCRF à celles de la première édition, ce qui représente une période d’étude de 6 années. https://www.generations-futures.fr/wp-content/uploads/2019/06/residus-2019-v6-bd.pdf
*** Avis et rapport de l’Anses relatif l’exposition alimentaire des enfants de moins 3 ans à certaines substances – EAT infantile Tome 1

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