C'est quoi la DME ? Que faut-il en penser ?

C’est la mode du moment en matière d’alimentation infantile ! Le sigle qui est partout ! Vous devez même connaître des parents qui ne jurent que par la DME pour leur bébé. On vous en dit plus sur la « diversification menée par l’enfant ».

En toute transparence, je n’avais jamais entendu parler de « DME » au moment de débuter la diversification alimentaire de mon fils. C’était il y a 5 ans.

Et pourtant, je me documente et je lis énormément tout ce qui écrit en matière d’alimentation générale et à fortiori sur l’alimentation infantile. Mais là, non. Le grand vide.

La première personne qui m’a parlé de DME était une entrepreneuse voulant lancer une offre de finger food surgelé pour bébé. Nous étions toutes les deux candidates pour rejoindre un incubateur. Elle a été sélectionnée avec son projet. J’ai été recalée avec mes histoires de petits pots, d’aliments frais et de mieux manger pour bébé*. De quoi se demander si je n’avais pas raté un immense truc, une révolution en matière d’alimentation infantile….

Mais assez parlé des galères et frustrations qu’une entrepreneuse peut rencontrer.

« Qu’est-ce que c’est au juste la DME ? C’est une méthode de diversification alimentaire prônant l’autonomie du tout petit dans la prise des repas »

La diversification alimentaire menée par l’enfant (ou diversification autonome) est une méthode de diversification alimentaire prônant l’autonomie du tout petit dans la prise des repas.

L’idée est la suivante : plutôt que de lui servir, à la cuillère, des purées et compotes à texture plus ou moins lisse, on propose à l’enfant des aliments solides, adaptés, qu’il est en capacité de saisir et de manger seul.

Par exemple, des fruits et légumes crus ou cuits coupés en lanières, gros cubes ou bouquets. Des cakes, pancakes, gaufres, boulettes adaptés aux besoins nutritionnels de l’enfant (non, pas les boulettes de viande Ikea ou les gaufres au sucre sous vide du supermarché 😉).

Les mêmes aliments que l’on retrouve à la table de la famille mais présentés sous une forme qu’il peut attraper et manger.

L’idée étant que l’enfant est acteur de son alimentation et pleinement conscient de ce qu’il mange : il découvre par lui-même et avec tous ses sens (surtout le toucher) ses aliments, c’est aussi lui qui décide quand il n’a plus faim.

« Un concept anglo-saxon que l’on doit à une infirmière anglaise, Gill Rapley, qui a posé les bases de la DME en partant de son expérience de maman et d’observations sur le terrain »

Ce concept nous vient des Anglais. Plus particulièrement d’une infirmière anglaise nommée Gill Rapley.

Partant de sa propre expérience de maman et d’observations sur le terrain, elle a posé les bases théoriques et pratiques de l’alimentation autonome au début des années 2000. Tout en estimant qu’elle n’en était pas réellement l’inventeur.

Le « baby-led weaning » a rapidement gagné du terrain dans les Pays Anglo-Saxons (Etats-Unis, Nouvelle-Zélande, Australie,…) avant de franchir nos frontières et d’être popularisé par des nutritionnistes, pédiatres, blogs, livres et articles de presse.


Exemples de livres que l’on trouve désormais en rayon

« Des avantages multiples à adopter la DME : découverte des goûts et textures, amélioration de la motricité fine, développement des aptitudes à la mastication, respect des besoins et rythmes de l’enfant… « 

Les défenseurs de la DME mettent en avant les avantages suivants** propres à cette méthode de diversification alimentaire :

  • La découverte de nouveaux goûts, textures et aliments dès le plus jeune âge (facilitant ainsi l’acceptation de nouveaux aliments et limitant le développement de néophobies alimentaires ultérieurement );
  • L’amélioration de la motricité fine et de la coordination oeil- main- bouche ;
  • Le développement de la mâchoire et des aptitudes à la mastication ;
  • Le respect de ses besoins et de son rythme dans la prise des repas, notamment la satiété ;
  • Le plaisir de manger comme son entourage et/ou avec son entourage ;

Pour les parents, elle permettrait de ne plus être « esclave » de l’enfant au moment des repas en lui administrant cuillère après cuillère le contenu d’un pot ou d’une gourde. La prise des repas serait ainsi plus ludique et interactive.

« La DME comporte quand même des inconvénients, voir des risques pour bébé si mal pratiquée »

Mais alors… pourquoi ne pas tous s’y mettre tout de suite ?

C’est là que le bât blesse, la DME comporte quand même des inconvénients, voire des risques pour le bébé si mal pratiqué.

Tout d’abord, elle n’est pas destinée à tous les enfants. Gill Rapley (la fameuse infirmière à l’origine de la DME) identifie les conditions nécessaires à sa réussite. A savoir :

  • Un nourrisson né à terme ;
  • Sans problème de santé ;
  • Capable de se tenir assis seul et sans aide, et d’attraper seul les aliments présentés ;
  • L’enfant mange à table avec ses parents et les aliments proposés sont identiques (ou presque) pour tous (ils doivent bien évidemment être sains) ;
  • Le bébé poursuit l’allaitement à la demande (ou du biberon de lait infantile à la demande) ;

Le nombre de bébé et de famille cochant toutes ses cases est en somme assez mince (à titre d’exemple seulement 20% des bébés sont encore allaités à l’âge de 6 mois).

La DME nécessite une vigilance constante des parents (ou de la personne qui s’occupe de l’enfant en journée) au moment de la prise des repas. Pas question de le laisser seul et sans surveillance avec ses « finger food », le risque d’étouffement n’étant pas nul, surtout en cas de présentation d’aliments inadaptés (ex: légumes ou fruits « durs » crus, petits aliments, fruits à coque,…).

Cette vigilance peut être source de stress important pour les parents mais également pour les tiers en charge de l’enfant en journée (assistante maternelle, nounou, grands-parents, ect).

Enfin, la DME n’est pas nécessairement adaptée aux modes de vie de la famille. Elle implique un minimum de préparation des aliments et repas (une contrainte supplémentaire pour la maman dans bien des cas). Bébé se salira plus en attrapant ce qu’il mange avec ses mains. Le temps de repas sera également allongé. Bref, elle n’est pas une solution miracle et ne doit pas être source de crispation, d’angoisse ou de tension pour les parents.

« Envisagez-vous de proposer des aliments « DME » chez Les Petits Toupins ? »

Souvent, des mamans me demandent si nous proposons des aliments « DME ». Pour le moment, non. Ça viendra peut-être. Ce n’est pas notre priorité, ni notre raison d’être. En revanche, nos pots peuvent parfaitement être utilisés pour fabriquer des aliments “DME” (exemple : utilisation d’un pot de purée de fruits ou légumes pour faire des pancakes pour bébé).

Les aliments « DME » sont devenus en quelques années seulement un véritable phénomène marketing (tout comme les principes éducatifs “Montessori » que l’on retrouve décliné partout dans les rayons jouets). L’industrie agro-alimentaire commence à se saisir de ce concept pour proposer en rayon des aliments « nouveaux » pour bébé. Les librairies pullulent avec des livres de recettes consacrés à la thématique. Sur Internet, on trouve à la vente de plus en plus d’objets pour réussir la DME de son enfant : tabliers/ bavoirs adaptés, assiettes ludiques, cuillères, moules de cuisine et j’en passe.


Quelques exemples d’aliments « DME » prêts à l’emploi

« A nos yeux, l’essentiel restera toujours la qualité de l’aliment, la quête du goût et le plaisir de manger avant tout. « 

La DME est une approche intéressante de la diversification alimentaire. Mais elle n’est pas la seule. L’essentiel restera toujours la qualité première de l’aliment, la quête du goût et le plaisir de manger avant tout. Si la DME est pratiquée en mettant entre les mains des enfants chaque jour des aliments ultra-transformés, des biscuits, bâtonnets, boulettes, prêts à l’emploi, alors elle ne présente aucun intérêt. Elle rate son objectif.

A nos yeux, une diversification alimentaire réussie tient compte de l’environnement familial et culturel de bébé. De la diversité des aliments qui lui sont proposés. Du soin qui est mis dans la préparation et/ou sélection des repas qui lui sont destinés. Du temps passé avec l’enfant à apprendre à manger. Des moments de joie ou de fêtes avec la famille et les amis. Cela peut se faire grâce à la DME. Mais également avec une approche plus classique. Ou une approche propre à son pays/ culture. L’essentiel est que les parents soient en phase et à l’aise avec la préparation et le déroulé des repas. Qu’ils s’écoutent et écoutent leur enfant.

« Un exemple de diversification alimentaire réussi sans DME »

A titre d’exemple, avec le papa, nous n’avons pas pratiqué la DME pour notre fils. Mais nous avons préparé des petits pots avec toutes sortes de fruits et légumes de saison. Il a suçoté dès 6 mois des quignons de pain, du fromage et des fruits assez mous (dans sa tétine grignoteuse). Nous avons mangé autant que possible avec lui. Il a goûté nos plats dans des restaurants (il garde un mauvais souvenir du kimchi d’un restaurant coréen d’ailleurs). Nous ne l’avons jamais forcé à finir son assiette quand il n’avait plus faim. Résultat, aujourd’hui, il mange quasiment de tout. Il dévore ses légumes (même les brocolis, haricots, épinards, fenouil enfin tout ce qui est vert) sans rechigner. Il est toujours content de découvrir des nouveaux plats et de nouvelles saveurs.

Nous avons “réussi”* sa diversification alimentaire sans DME.

Danielle Valdenaire

* J’ai considérablement amélioré mon argumentation et la présentation de mon projet depuis, ce refus a été une chance.
** Attention, la DME n’a pas encore fait l’objet d’études scientifiques spécifiques et ne fait pas consensus.
*** Je n’aime pas le verbe “réussir” lorsqu’on parle d’alimentation.

Restez informé
de nos actus !

Si vous souhaitez en savoir plus sur nos aventures pour aider bébé à mieux manger…

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Merci pour votre inscription, un mail avec un lien de confirmation vous a été envoyé.