Baby Food et emballages plastiques : quels sont les risques sanitaires ?

Les emballages plastiques sont omniprésents dans nos rayons alimentaires, y compris en baby food. Derrière la praticité de ces emballages se cachent des dangers invisibles qui sont encore peu étudiés et mal connus.

Exemples d’emballages que l’on trouve au rayon “baby food”

De quoi parle-t-on?

Les emballages plastique sont composés d’une ou de plusieurs matières plastiques. Ils sont utilisés par de nombreuses industries agroalimentaires pour emballer leurs aliments. Comme l’explique Nestlé, ils présentent de nombreux avantages puisqu’ils sont hygiéniques, durables, sûrs, légers, résistants et peu onéreux [1].

En moyenne en France, chaque français utilise 70 kg de plastique par an [2]. De nombreux acteurs se mobilisent pour réduire le plastique en raison de sa pollution et de ses émissions de gaz à effet de serre. On retrouve par exemple aujourd’hui plus de microparticules de plastique dans l’océan que d’étoiles dans l’univers, ce qui représente jusqu’à 12 000 microparticules par litre d’eau [3] !

On pense souvent que le plastique et les emballages plastiques sont presque tous recyclés, mais c’est loin d’être le cas. D’après la World Wildlife Fund (WWF), seuls 9 % des déchets plastiques ont été recyclés dans le monde [4]. Ainsi, ce n’est pas parce que votre emballage contient le logo de tri avec les trois flèches qui se suivent qu’il sera forcément recyclé. Pour montrer cela, Monsieur et Madame Recyclage ont créé une image récapitulative des différents plastiques jetés et de leur chance d’être recyclé [5] :

Infographie des différents plastiques jetés (source M. & Mme Recyclage)

Malheureusement, la pollution n’est pas le seul impact du plastique ! En effet, ce dernier se fragmente et émet des particules que l’on peut retrouver dans les aliments. Selon un rapport commandé par la World Wildlife Fund (WWF) à l’université de Newcastle, nous ingérons chaque semaine environ 5 grammes de microparticules de plastique, soit l’équivalent de la quantité contenue dans une carte de crédit [4] !

Une récente étude a également montré que les bébés nourris aux biberons en plastique en Europe, en Amérique du Nord ou en Océanie, ingèrent en moyenne 2 millions de particules microplastiques chaque jour [6]. Cette ingestion de plastique peut avoir de graves conséquences sur la santé et la croissance de bébé.

Quelles contaminations alimentaires issues des emballages plastiques au rayon bébé ?

Aussi surprenant que cela puisse paraître, cette question a été peu étudiée et n’a pas fait l’objet d’un grand nombre d’études scientifiques. Les connaissances sur les transferts entre les emballages et les aliments, ainsi que sur les facteurs susceptibles d’influencer la libération de ces particules, restent limitées. En effet, la libération de ces particules peut être favorisée par la réfrigération, le stockage à température ambiante, le chauffage par micro-ondes et l’acidité des aliments [7].

En 2023, une étude menée par Kazi Albab Hussain de l’Université du Nebraska-Lincoln s’est penchée sur les emballages utilisés en alimentation infantile et les transferts entre les emballages (des contenants en plastique et sachets alimentaires) et les aliments.

L’étude a permis de mettre en évidence que certains récipients peuvent libérer jusqu’à 4,22 millions de microplastiques et 2,11 milliards de particules nanoplastiques ; et cela qu’à partir d’un seul centimètre carré de surface plastique dans les 3 minutes suivant le chauffage. Elle a également évalué que les particules de plastique peuvent entraîner la mort de nombreuses cellules rénales lorsqu’elles sont exposées à des concentrations très élevées [7].

Conséquence du chauffage par micro-ondes du plastique

Certains types de plastique libèrent plus de microparticules et de nanoparticules de plastique que d’autres. En effet, les sachets alimentaires à base de polyéthylène libèrent environ mille fois plus de particules que les récipients en plastique à base de polypropylène [7]. Malheureusement le polyéthylène est un plastique utilisé par certaines industries agroalimentaires dans les emballages des aliments pour bébé ; même si toutes ne divulguent pas les compositions de leur plastique.

De plus, l’acidité des aliments peut également jouer un rôle dans la libération de microparticules et de nanoparticules de plastique. Une étude a mis en avant que leur libération peut être intensifiée au contact d’un aliment acide comme les purées de fruits (les fruits étant plus acides que les légumes) [7].

Enfin, le plastique utilisé pour les emballages alimentaires peut également contenir des additifs ayant eux aussi des impacts négatifs sur la santé de bébé. Une récente étude menée en 2023 a détecté la présence de 47 additifs plastiques dans plus de 50% des échantillons du rayon alimentaire pour bébé [8].

Aujourd’hui, toutes les conséquences des emballages plastiques sur la santé de bébé ne sont pas encore connues. Il est difficile d’estimer l’impact des particules de plastiques ou des additifs plastiques seuls. Cependant ces emballages plastiques soulèvent des inquiétudes en raison des effets cocktails potentiels, de l’exposition à d’autres sources et des connaissances limitées sur certaines substances. [8] On soupçonne tout de même de fortes conséquences négatives sur la croissance et le développement de bébés. Des études animales ont montré que l’exposition aux particules de plastiques étaient associées à une dysbiose du microbiote intestinal, à des troubles du métabolisme lipidique, à des lésions cérébrales et à des troubles sanguins [7].

Comment les reconnaître ?

Les emballages plastiques au rayon alimentaire pour bébé sont facilement repérables.

Exemples d’emballages plastiques que l’on trouve au rayon “baby food”

On peut les retrouver :

• dans les pots individuels pour bébé : utilisés pour les purées, les compotes, les yaourts, les brassés et autres desserts. Ils sont souvent dotés d’opercule non recyclable.
• dans les barquettes des plats individuels pour bébé : utilisées pour une variété d’aliments prêts à l’emploi et à réchauffer directement.
• dans les gourdes pour bébés : utilisées pour les purées et les compotes. Elles sont souvent dotées de bouchons en plastiques refermables. Si la gourde est bien souvent en aluminium, le revêtement à l’intérieur, qui est en contact avec l’aliment, est toujours en plastique.
• dans les sachets pour bébés : utilisés pour les céréales infantiles, les biscuits, les purées et les compotes (sous format “doypack”).
• dans les biberons et les bouteilles en plastique pour bébés : utilisés pour mettre les boissons telles que l’eau ou le lait maternisé.

Quels conseils pour limiter les risques de contamination ?

Ainsi, il est conseillé d’après le rapport 2022 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de limiter l’exposition aux particules de plastique [9]. Il est donc préférable de privilégier dans le rayon alimentaire pour bébé les emballages alimentaires en verre.

Le verre est non poreux et inerte, ce qui veut dire qu’il n’absorbe ni ne transfère des produits chimiques. Il est également recyclable à l’infini et peut contribuer à réduire la pollution plastique. N’hésitez pas à réutiliser les pots en verre chez vous ou à les ramener en consigne (le verre traité comme un emballage à usage unique n’a rien d’écologique).

Si pour une raison quelconque ou de manière ponctuelle, vous êtes contraints d’acheter un aliment pour bébé emballé avec une matière plastique :

• évitez les aliments acides en contact avec une matière plastique comme les purées de fruits en gourde ; en particulier les purées avec baies (ex: framboises), fruits exotiques (ex: kiwi, fruits de la passion, ananas) et les purée de fruits ou de légumes avec du jus de citron ou de l’acide ascorbique. Vous pouvez trouver l’équivalent de ces saveurs la plupart du temps dans des petits pots en verre au rayon bébé.
• évitez de réchauffer l’aliment directement dans son emballage, que ce soit au bain-marie ou au micro-onde. Oui, même si le fabricant vous conseille de le faire. Il est toujours préférable de verser le repas de bébé dans un contenant adapté et de le réchauffer selon la méthode que vous préférez.
• dans la mesure du possible, préférez un emballage en polypropylène (PP) plutôt qu’en polyéthylène (PE) (l’information n’est pas toujours disponible).
  – soyez vigilant sur les températures de stockage de votre produit et évitez les contacts prolongés avec des sources de chaleur (ex: soleil, proximité avec un radiateur,…)

Chez vous, si vous cuisinez pour bébé, soyez également vigilant sur les matières plastiques que vous êtes susceptibles d’utiliser. Préférez des ustensiles en inox ou acier inoxydable plutôt qu’en matière plastique (ex: fouet, cuillère, spatule). Optez pour des contenants en verre ou en inox plutôt qu’en plastique pour le stockage de vos ingrédients et de vos produits finis. Ne réchauffez pas les aliments de bébé dans des contenants plastiques (et sensibilisez la personne ou la structure d’accueil qui s’occupe de votre enfant en journée).

Souvenez-vous également que le plastique est omniprésent dans l’environnement de bébé, on en retrouve dans les couverts de bébé, les jouets, les peluches, les couches ou encore les rembourrages de coussin. Nous ne connaissons pas les effets à long terme d’une telle exposition.

Camille Dorsemaine

[1] Nestlé lutte contre les déchets d’emballage: réduire, réutiliser, recycler. Economie circulaire | Nestlé (nestle.be)
[2] Combien de plastique consomme-t-on par jour ? (radiofrance.fr)
[3] The SeaCleaners | Alerte CO2 : Le plastique est un facteur clé du réchauffement climatique
[4] Sauvons la nature de la pollution plastique | WWF France
[5] Know your plastics ! – M. & Mme Recyclage (wordpress.com)
[6] Un bébé avale des millions de microplastiques chaque jour – Planete sante
[7] Assessing the Release of Microplastics and Nanoplastics from Plastic Containers and Reusable Food Pouches: Implications for Human Health | Environmental Science & Technology (acs.org)
[8] Contamination of Baby Foods by Plastic Additives: A Pilot Screening Study | Environmental Science & Technology Letters (acs.org)
[9] WHA76.17 (who.int)